Voici la lettre que la Directrice générale de la Fondation CSDM a adressée au premier ministre François Legault, à la suite de l’adoption de la loi 40 sur la réforme de l’organisation et la gouvernance scolaire.

La lettre a été publiée dans le quotidien Le Devoir, samedi le 15 février

Et les élèves, monsieur Legault ?

Le débat entourant la nouvelle loi sur l’organisation et la gouvernance scolaire m’a donné l’occasion de relire avec intérêt vos déclarations à l’effet que l’éducation est votre première priorité. J’ai également lu avec autant intérêt les déclarations plus récentes de votre gouvernement, qui voit dans la réforme une occasion pour les élèves d’être pris en main par celles et ceux qui les connaissent par leur nom.

Je suis on ne peut plus d’accord avec ce principe. Et je vous demande aujourd’hui que l’on revienne à la mission première : s’assurer que nos élèves reçoivent la meilleure éducation possible, celle qui leur permettra d’évoluer dans un monde de plus en plus complexe.

Or, le  manque de ressources dans nos écoles publiques demeure un grave problème.

Mettre chaque élève sur la voie de la réussite devient de plus en plus ardu.

Les écoles n’ont pas assez de moyens pour accompagner les élèves qui proviennent de milieux défavorisés, qui parlent très peu français ou qui requièrent du soutien particulier.

Elles n’en ont pas plus pour fonctionner à tous les jours. À la Fondation CSDM – un organisme sans but lucratif indépendant dont la mission est le mieux-être et l’épanouissement des élèves – des écoles nous appellent pour qu’on finance l’embauche d’un orthopédagogue ou encore pour payer le transport de leurs élèves. Des professeurs et des parents apportent des meubles parce qu’il en manque dans leur classe et ils quêtent de l’argent pour acheter des dictionnaires. On nous parle d’élèves qui ne savent toujours pas lire à 11 ans. Au Québec. En 2020.

Selon les données de l’OCDE, le système d’éducation québécois est le plus inéquitable au Canada : nos élèves issus de milieux défavorisés ont moins de chances de réussir qu’ailleurs au pays. Cette iniquité hypothèque non seulement avenir mais celui de la société entière.

À cela s’ajoutent les efforts à consentir pour nous adapter. La société numérique, c’est maintenant. La pensée computationnelle – qui suppose que plusieurs solutions sont bonnes – est une compétence-clé pour l’économie de demain. Or, l’intégration des TIC dans l’enseignement est loin d’être complétée. Notre fondation finance un tel programme, CodeMtl.org, avec votre aide d’ailleurs et celle du privé, mais cet effort est insuffisant.

Notre fondation appuie aussi de magnifiques projets qui favorisent la persévérance scolaire et réduisent les iniquités en donnant aux enfants l’occasion de s’épanouir à travers les arts, la culture, la technologie, l’activité physique, etc.

Mais ces projets ne réussiront pas à eux seuls à combler le déficit de ressources dans le système d’éducation. Ils demeurent à l’état de laboratoire.

Maintenant que le débat sur les structures est terminé, attaquons-nous aux vrais problèmes. Et faisons réellement de l’éducation notre première priorité, tel que vous l’avez promis. Là réside le vrai défi. Nous vous aiderons!

Suzanne Dansereau

Directrice générale

Fondation CSDM